FINIR SON ASSIETTE N’EST PAS UNE QUESTION DE MORALE (ET NE MET PAS FIN A LA FAMINE DANS LE MONDE)
Ce n’est pas «bien» de manger (sous-entendu de finir la quantité d’aliments qu’un adulte a estimé normale, indépendamment de l’appétit de l’enfant puisque par définition lui seul en éprouve la sensation) et, a contrario, ce n’est pas «mal» de ne pas manger. Dans les deux cas, MANGER, c’est MANGER A SA FAIM et c’est naturel (quand l’instinct est encore capable de faire son travail de régulation correctement).
L’ENFANT QUI REFUSE UN ALIMENT A UNE RAISON
– son organisme n’a pas besoin de cet aliment pour le moment,
– il sent que cet aliment est nocif pour lui (en raison par exemple d’une allergie ou d’une intolérance),
– il n’aime pas un aliment (les adultes aussi ont leurs goûts.. et leurs dégoûts ).
De temps en temps, on peut lui demander de faire un petit essai. S’ils n’aime toujours pas, on laisse tomber, on retentera à une autre occasion. Il est très possible qu’un jour, à nous voir manger de tout de bon appétit, ils s’y mettra aussi.
L’ENFANT QUI NE MANGE PAS OU PEU : PAS D’APPETIT
Jeannette Toulemonde propose des « EFFORTS DE NON INTERVENTION » pour permettre à l’enfant de surmonter par lui-même ses difficultés et de « rééduquer » son appétit (même si cela peut prendre un certain temps à l’encontre des conventions sociales ou de nos principes d’adultes) :
– proposer sans forcer et toujours arrêter quand il n’en veut plus;
– ne pas faire durer les repas plus que celui des autres personnes à table;
– servir peu d’aliments à la fois;
– PRIMORDIAL : ne pas attacher d’importance au fait qu’il mange ou ne mange pas (oui ok c’est plus facile à dire qu’à faire !!…) afin de NE PAS LUI MONTRER VOTRE ANXIETE
– servir des plats que l’enfant aime régulièrement sans se servir de la nourriture comme chantage (« si tu manges des épinards, je ferai des spaghetti ce soir »), punition (« privé de dessert ») ou récompense (« tu as mangé de la salade, tu as le droit de prendre deux assiettes de frites/ deux desserts »);
– faire des gâteaux aux fruits, aux légumes ou des crèmes (s’il n’a rien mangé d’autre, l’enfant qui mange une part de gâteau ou une crème dessert aura au moins eu des oeufs, du lait, de la farine, du sucre, des fruits et du beurre pour un apport en protides, glucides, lipides et vitamines) : l’associer à la cuisine
– ne pas trop s’attacher aux principes : l’enfant peut s’alimenter au début de sa « rééducation » de manière étrange mais, peu à peu, il retrouvera son instinct et équilibrera son alimentation. Cela est d’autant plus vrai quand il est entouré de membres de sa famille qui mangent de manière équilibrée et diversifiée et que les aliments à disposition sont sains (pâtisseries maison, fruits et légumes frais, eau à volonté…);
– enlever toutes les assiettes, y compris la sienne même si elle est encore pleine, sans faire de commentaire ou de réflexion (les restes pourront être mangés le repas suivant, réintégrer dans une autre recette…).
– faire des repas des moments agréables, des discussions sans confrontation;
– ne pas parler en présence de l’enfant de son alimentation ou de ses « problèmes » d’appétit;
– faire une jolie table, de jolies présentations;
– mettre le couvert avec l’enfant s’il est en âge de le faire et s’il en a envie, lui permettre de faire le service et de se servir seul;
– lui procurer, en dehors des repas, une vie saine, du grand air, des occasions de prendre des initiatives, d’être un « grand », des câlins et de la tendresse.
Plus on laisse la paix à l’enfant, plus la rééducation sera rapide car il n’aura pas besoin de lutter pour affirmer son autonomie et préserver son intégrité physique/émotionnelle;
L’idée principale est de détendre l’atmosphère autour de la question de nourriture, de détourner notre attention d’adultes du problème de l’appétit de l’enfant. Mais il faut bien admettre que cela prend du temps… et que cela nous demande de revoir nos conventions culturelles, sociales et nos priorités, nos croyances éducatives.
Le fait de se nourrir est un acte de survie et c’est la raison pour laquelle les parents ont tendance à se crisper sur ce sujet par peur que leur enfant ne soit pas en bonne santé… mais cette peur justifie-t-elle de prendre le risque que l’enfant se coupe de son instinct naturel pouvant conduire à des troubles alimentaires et, pire, de mettre en péril la relation parent/enfant en entrant dans des jeux de pouvoir… alors qu’on sait qu’un enfant ne se laisse pas mourir de faim ?